Quoi faire avec un arbre tombé sur son terrain ?

Un arbre tombe. Par la force du vent, par l'usure du temps, ou simplement parce que la forêt fait son œuvre. Pour beaucoup, c’est un obstacle. Pour d’autres, une occasion. Mais que faire, concrètement, lorsqu’un arbre s’effondre sur notre terrain ? Peut-on le valoriser ? Le transformer ? Faut-il le laisser là ? Voici quelques pistes pour voir cet événement autrement.

1. Observer et identifier son arbre tombé

Avant toute chose, prends un moment pour observer l’arbre. Quelle essence ? Quelle longueur, quel diamètre ? Est-il encore vivant à sa base ? A-t-il commencé à pourrir ? Ces premières observations détermineront le potentiel de l’arbre pour la suite. Un chêne sain n’offre pas les mêmes perspectives qu’un peuplier creux ou une épinette fendue.

Dans la mesure du possible, je récupère les arbres morts ou tombés sur mon terrain, car je suis équipé pour les transformer en planches. J’essaie aussi, quand je peux anticiper la chute d’un arbre, de le préparer à sécher debout. Il existe une méthode où l’on scie légèrement une bande d’écorce tout autour de la base : cela coupe la circulation de sève, ce qui tue lentement l’arbre tout en permettant à l’humidité de s’évacuer. Ainsi, l’arbre sèche (en partie) sur pied, et devient plus léger à transporter.

Bois prêt au sciage, son potentiel est évalué en amond.

2. Le débardage : comment le sortir ?

Déplacer le bois est souvent la tâche la plus ardue – parce que le bois, c’est lourd ! Et s’il est encore vert, il est deux fois plus lourd. Un tronc de 100 pmp (soit environ 10 pieds de long par 15 pouces de diamètre) peut peser jusqu’à 300 livres une fois sec… et près du double s’il est frais.

Pour rendre la tâche possible sans machinerie, je recommande de réduire l’arbre en morceaux plus petits. Plus les sections sont courtes, plus elles sont faciles à manipuler. Mais avant de sortir la scie, il faut savoir ce qu’on veut en faire. Je procède sans mesurer, en m’ajustant à ce que l’arbre me propose. Je coupe dans la courbe pour récupérer la plus grande section droite possible, je réserve les fourches en Y pour des tables basses ou des tabourets, et je garde les branches charpentières pour de petites bibliothèques ou des étagères murales. Le tronc principal, lui, servira à fabriquer une table ou un plateau plus large.

Les petites branches sont laissées au sol pour nourrir le sol en se décomposant naturellement. Les branches de taille moyenne (entre 2 et 6 pouces) deviennent du bois de chauffage, à moins qu’elles ne présentent une forme ou une texture intéressante pour un projet futur. Avec un seul arbre mature, je peux généralement fabriquer entre 5 et 15 meubles de tailles différentes.

Cerisier scié en section.

3. La transformation : scier ou confier ?

Si tu as l’équipement (scierie mobile, tronçonneuse adaptée), tu peux scier l’arbre toi-même. Sinon, plusieurs artisans ou petits scieurs de la région peuvent faire le travail pour toi – parfois même directement sur ton terrain. Le sciage mobile est une belle option pour ceux qui veulent garder le bois « à la maison ».

À cette étape, je garde toujours en tête ce que l’arbre peut devenir, pas ce que je veux en faire à tout prix. Ma démarche se détache volontairement de l’industrie : je ne travaille pas à partir de plans, mais à partir de ce que la matière propose. Chaque arbre a une forme, une histoire, une énergie. En le sciant avec soin, on peut suivre cette logique naturelle jusqu’au meuble fini.

Moi qui positionne le billot selon mon plan.

4. Le séchage et l’utilisation

Une fois scié, ton bois aura besoin de sécher (voir l’article complet à ce sujet). Comme repère simple, on estime environ 1 an de séchage à l’air libre par pouce d’épaisseur. Le bois doit être empilé dans un endroit sec, bien ventilé et protégé de la pluie, idéalement sous une tôle. Évite les bâches en plastique qui recouvrent complètement la pile : elles empêchent le bois de respirer et favorisent les moisissures.

Selon son futur usage, ton bois pourra servir à créer un meuble, un projet décoratif ou même un élément architectural extérieur.

Un arbre tombé n’est pas forcément une perte. C’est une page qui se tourne, mais aussi une nouvelle matière à écrire. Avec un peu de savoir-faire, et beaucoup de respect, il peut devenir une œuvre durable, porteuse de mémoire et de sens.

Le bois sèche à l'air libre pendant 1 an à l'abri sous une tôle.