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Comment sécher son bois

Dernière mise à jour : il y a 2 jours

Et pourquoi c’est une étape à part entière


Je considère le séchage du bois non pas comme une simple formalité, mais comme une spécialisation à part entière, une étape essentielle du processus de fabrication. Trop souvent négligée, elle est pourtant au cœur de la réussite d’un projet en ébénisterie.


On me demande parfois : « Quel est le taux d’humidité parfait ? »Ma réponse est toujours la même : Ça dépend de ce que tu veux construire.


Prenons l’épinette, fraîchement sciée. Elle peut très bien convenir à un projet de construction extérieure ou même à une charpente. Idem pour les grandes poutres de pin blanc : elles peuvent être utilisées encore vertes, du moment qu’on comprend et respecte leur comportement. Mais dès qu’on parle de mobilier ou d’ébénisterie fine, les exigences changent. Là, on cherche un bois plus stable, plus prévisible, presque domestiqué par le temps.


Les traits de scie à chaine sur le rebord d'un tabouret
Les traits de scie à chaine sur le rebord d'un tabouret



Bois calme = bois prêt à être façonné

En ébénisterie, le bois doit être calme et reposé. Il a besoin d’avoir vécu, d’avoir eu le temps d’absorber son environnement. Travailler un bois qui n’a pas encore stabilisé son taux d’humidité, c’est comme cuisiner avec un fruit encore vert : le potentiel est là, mais il ne s’exprimera pas pleinement. Il manquera d’équilibre, de justesse, et risque de fausser ton travail une fois transformé.


Lorsque le bois sèche, il perd l'eau libre contenue dans ses cellules, puis l'eau liée. C’est cette seconde phase qui est la plus délicate, car c’est à ce moment que la fibre commence à se contracter. Un séchage trop rapide peut entraîner des fissures (fentes en bout, gerces), du tuilage ou du gauchissement. Un séchage trop lent, quant à lui, favorise la moisissure ou les attaques fongiques, surtout dans les bois riches en sucres.


Moi qui vérifie l'état de mon bois
Moi qui vérifie l'état de mon bois

Comment sécher son bois

Séché à l’air ou séché au four ?

Je fais sécher mon bois au séchoir solaire, par préférence. Certains diraient que le bois "cuit" à cette chaleur douce, contrôlée par la lumière du soleil. Il en résulte une fibre légèrement différente, souvent plus stable, parfois un peu plus dure à travailler qu’un bois séché à l’air libre. C’est une méthode lente, naturelle, et particulièrement adaptée à l’échelle artisanale. Le séchoir permet aussi un meilleur contrôle de la ventilation et de l'humidité relative ambiante, ce qui réduit les risques de défauts.


Mais attention, le bois séché à l’air n’est pas de moindre qualité. Il a son charme, sa souplesse, sa réponse unique aux outils manuels. Il aura simplement tendance à "bouger" un peu plus, surtout si on ne lui a pas laissé le temps de s’acclimater à son nouvel environnement. Mais pour qui sait l’apprivoiser, il offre une richesse de texture et de résonance qui vaut la peine.


Une planche séchée à l'air conserve aussi un certain équilibre hygroscopique plus naturel. On dit parfois qu'elle "respire mieux" lorsqu’elle n’a pas été surchauffée. C’est ce genre de détail qui se ressent dans la fabrication, notamment au rabot ou à l’assemblage.


Pile de planches d'érable et de caryer sortant du séchoir en avril 2023
Pile de planches d'érable et de caryer sortant du séchoir en avril 2023

Le secret : le temps, la patience

En fin de compte, ce qui compte, ce n’est pas tant la méthode de séchage, mais l’endroit où le bois passera le plus de temps. Est-ce un meuble d’intérieur ? Un établi dans un garage ? Un banc sur la galerie ? Une sculpture qui vivra entre deux saisons ?


Laisse le temps au bois de se reposer là où il vivra.Littéralement. Dépose-le. Laisse-le absorber l’air ambiant, l’humidité, la température. Il relâchera ce qu’il n’a plus besoin de garder, il retiendra ce qu’il lui faut pour rester en équilibre. Le bois n’est pas un matériau figé : il respire, il écoute, il s’ajuste. Et c’est en le respectant qu’il te le rendra.


📏 Règle simple :Séchage à l’air : environ 1 an par pouce d’épaisseur, en position bien ventilée, à l’abri de la pluie mais exposé à la circulation d’air
Acclimatation en intérieur : 1 à 2 mois par pouce d’épaisseur, dans l’endroit où le bois sera utilisé, ou dans un environnement similaire en température et humidité

Autre conseil : utilise un hygromètre pour suivre l’évolution de ton bois. Un taux d’humidité entre 6 % et 9 % est généralement recommandé pour l’intérieur chauffé, alors que 12 % à 15 % est plus acceptable pour un usage en garage ou sous abri.



Faut être patient, simplement
Faut être patient, simplement

 
 
 

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